Accueil A la une Graves incidents et propos racistes à l’hémicycle du Bardo : Indécent, inadmissible et indéfendable !

Graves incidents et propos racistes à l’hémicycle du Bardo : Indécent, inadmissible et indéfendable !


Au vu de l’actuelle composition du Parlement et avec la montée de forces parlementaires totalement opposées, de tels incidents et conflits étaient prévisibles. Mais ce qui est surprenant, c’est quand des députés s’échangent les insultes et se traitent même de « clochards » et de « bandits », dès la première plénière sous le dôme !

On s’attendait tous à une tension et à des altercations entre les nouveaux députés, d’autant plus qu’ils représentent des courants politiques irréconciliables, mais la plénière consacrée, avant-hier, au vote de la loi de finances complémentaire pour l’année 2019 a connu de graves incidents entre les députés du Parti destourien libre (PDL) et une députée du parti Ennahdha qui les a qualifiés même de « clochards » et de « bandits».

En effet, la tension est montée d’un cran au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) dans la soirée de mardi dernier, à l’issue du vote de la loi de finances complémentaire pour l’exercice 2019. A l’origine de la tension, un revirement de position du Parti Au Cœur de la Tunisie qui a contesté la véracité des chiffres fournis par le ministère des Finances mais, au final, le groupe parlementaire de ce parti, après avoir décidé de ne pas voter en faveur du projet de loi, a fini par l’adopter. Ce qui n’a pas plu aux députés du PDL et dont notamment la présidente du bloc, Abir Moussi, qui ont crié au marchandage.

Mais ce qui a alimenté encore plus la polémique et la tension, c’était l’intervention de la députée d’Ennahdha Jamila Ksiksi qui a qualifié certains députés du PDL «de clochards et de bandits qui ne croient pas à la démocratie et dont la seule mission est d’entraver le travail du Parlement». Les députés de ce parti ont, depuis, entamé, un sit-in ouvert au sein même de l’hémicycle de l’ARP pour dénoncer les propos de Jamila Ksiksi. Abir Moussi et les députés de son parti poursuivaient, toujours jusqu’à hier mercredi, leur sit-in au sein de l’ARP. Selon Abir Moussi, «la présidente de la séance plénière Samira Chaouachi a ignoré le règlement intérieur du parlement, car elle n’a pas interrompu l’élue d’Ennahdha qui a qualifié les députés du PDL de clochards et de bandits». «Au cours de la séance plénière mardi consacrée à l’adoption de la loi de finances complémentaire 2019, Samira Chaouachi n’a pas exigé des excuses publiques de la députée d’Ennahdha Jamila Ksiksi», a-t-elle encre dénoncé.

abir moussi et les députés d'ennahdha

Face à cette polémique qui ne nous rassure pas sur l’atmosphère dans laquelle se dérouleront les prochaines plénières et l’adoption des projets de loi, la présidence du Parlement a dit regretter cet incident et invité tous les élus à respecter les dispositions du règlement intérieur de l’Assemblée des représentants du peuple. En effet, dans un communiqué, la présidence du Parlement a présenté ses excuses aux Tunisiens suite à ce dérapage.

Actes racistes ?  

L’affaire ne s’est pas arrêtée là. Hier, Abir Moussi a interrompu la réunion de la commission provisoire des finances de l’ARP et a critiqué son président qui a décidé de poursuivre la réunion en dépit du sit-in des élus du Parti destourien. Et d’appeler à suspendre cette réunion en signe de solidarité avec ces députés. « Comment pouvez-vous continuer votre réunion alors que les députés d’un bloc parlementaire sont en sit-in ? », s’est-elle indignée. Dès lors une nouvelle altercation entre Abir Moussi et les députés d’Ennahdha a éclaté, cette dernière a affirmé même que Jamila Ksiksi était une ancienne adhérente du parti dissous, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD).

Ce qui est plus grave dans toute cette affaire, ce sont notamment les actes racistes qui auraient ciblé la députée d’Ennahdha, Jamila Ksiksi, c’est en tout cas ce que confirme le parti lui-même. En effet, sur les ondes d’une radio privée, le député d’Ennahdha Samir Dilou a affirmé que son parti a décidé de porter plainte contre l’un des dirigeants du PDL, Saleh Neji, qui « a publié une photo montrant un gorille à côté de la photo de la députée en question ». « La députée noire, Jamila Ksiksi, a en effet été victime de propos racistes sur Facebook de la part de Salah Neji et a été traitée de singe, de moche et d’esclave », confirme Dilou.

L’Assemblée des représentants du peuple a adopté mardi soir le projet de loi de finances complémentaire 2019, avec, rappelons-le, 109 voix pour, 19 voix contre et 5 abstentions, après deux interruptions pour que les groupes parlementaires se concertent et que des batailles verbales virulentes cessent.

 

(crédit photos : Abdelfattah BELAID)

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Un commentaire

  1. Hafedh Borni

    5 décembre 2019 à 08:42

    Le Parlement est devenu un hammam nsàa au vrai sens du mot.

    Répondre

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